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« On m’a donné quelques garanties sur la pérennité de l’Agence nationale du sport », assure son président

Une petite phrase prononcée par le premier ministre, quelques jours avant la présentation officielle du projet de loi de finances pour 2025, a suscité son lot d’interrogations dans le petit monde du sport français. Evoquant les pistes possibles d’économies sur les dépenses publiques, Michel Barnier a, dans un entretien à La Tribune Dimanche, le 6 octobre, mentionné sa volonté de procéder à des regroupements de « structures qui exercent des activités proches ». « Nous pouvons rapprocher les agences du sport et le ministère des sports », a-t-il, entre autres, cité en exemple.
Après ces déclarations, David Lazarus, qui a été choisi pour assurer l’intérim à la présidence de l’Agence nationale du sport (ANS), à la suite de la nomination de Michel Cadot comme conseiller spécial à Matignon auprès de Michel Barnier, a cherché à en savoir un peu plus. « On m’a donné quelques garanties sur la pérennité de l’Agence », déclare celui qui siège depuis 2021 au sein du conseil d’administration de l’ANS au titre du collège des collectivités – maire de Chambly (Oise), il est coprésident de la commission sport de l’Association des maires de France – et qui en était jusqu’alors vice-président.
« Mais je reste très vigilant, notamment sur le budget de l’Agence », poursuit David Lazarus. Les éléments communiqués par le gouvernement dans son projet de budget pour 2025 font apparaître une baisse des crédits dévolus à l’organisme. Tout d’abord ceux qui sont versés directement par l’Etat à l’ANS : 159 millions d’euros sont prévus, contre 270,8 millions d’euros en 2024.
« Cette baisse s’explique par la fin de certaines mesures d’accompagnement » des Jeux olympiques et paralympiques, argumente le gouvernement, qui chiffre la « disparition » de ces mesures à moins 26,7 millions d’euros. S’y ajoute un décalage dans le temps du versement des crédits destinés à cofinancer la construction d’équipements sportifs – le plan dit « Génération 2024 ».
Ici, la baisse prévue est de 100 millions d’euros au niveau des crédits de paiement. Le gouvernement assure que cela « n’est pas de nature à remettre en cause le déploiement du plan », qui prévoyait une dépense de 300 millions d’euros sur trois ans (à raison de 100 millions par an) pour créer 5 000 infrastructures sportives. « Le calendrier des crédits de paiement sera ajusté en fonction du rythme d’avancement des projets », avance l’exécutif, qui ajoute que « le report des crédits non consommés sur 2024 (…) est par ailleurs assuré en 2025 ».
Outre la baisse des crédits issus du budget de l’Etat, l’ANS va aussi devoir composer avec un recul des ressources issues de certaines taxes qui lui sont affectées : celles-ci devraient se chiffrer à 160,1 millions d’euros, soit une baisse de 6 millions.
Si les moyens financiers issus de la « taxe Buffet » (prélèvements sur les droits de diffusion télévisuelle) devraient rester stables (à 59,7 millions d’euros), ce ne sera pas le cas pour ceux procurés par les taxes sur les paris. L’ANS ne bénéficiera ainsi plus des sommes issues de la taxe sur les jeux exploités par la FDJ hors paris sportifs. Cette disparition ne sera pas totalement compensée par la hausse des sommes issues des taxes sur les paris sportifs qui lui seront versées (100,4 millions d’euros).
Plusieurs amendements visant à compenser la baisse des crédits de l’Agence nationale du sport (ANS), prévue dans le projet de loi de finances pour 2025, ont été déposés par les députés, alors que la commission des finances doit commencer, mercredi 16 octobre, l’examen de la partie recettes du texte.
Les députés socialistes et apparentés, de même que le député Ensemble pour la République Benjamin Dirx proposent notamment de relever de 6 millions d’euros le montant prélevé sur la taxe sur les paris sportifs qui est fléché vers l’ANS, pour le porter à 106,4 millions d’euros. Il s’agit d’« assurer un financement » de l’ANS au travers des taxes affectées « au moins équivalent » à ce qu’il est en 2024, font valoir les élus socialistes et M. Dirx.
Ce dernier, dans trois autres amendements, va plus loin en proposant de porter de 100,4 millions à 146,4 millions d’euros ou à 206,4 millions, voire à 216,4 millions le prélèvement sur les paris sportifs en ligne.
Il s’agirait ainsi de compenser non seulement le recul prévu du montant des taxes affectées à l’ANS, mais aussi, pour une part, la réduction de 100 millions d’euros des crédits dévolus au plan 5 000 équipements sportifs Génération 2024, et la baisse de 10 millions d’euros des crédités destinés au dispositif Pass’Sport.
D’autres amendements, déposés par les élus socialistes, engagent, au choix, à augmenter de 100,4 millions à 187,7 millions d’euros la part prélevée sur la taxe sur les paris sportifs affectée à l’ANS, ou à verser l’intégralité du produit de cette taxe (289,8 millions d’euros) à l’Agence.

Philippe Le Coeur
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